Les thèmes du colloque

Les communications s'inscriront dans l'un des thèmes suivants :

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Thème 1 : Analyse comparée des formes actuelles de l’étude

Depuis la Skholè des Grecs, les conditions sous lesquelles se déroule l’étude ont pris, au fil des siècles, des formes multiples. Les sociétés développées connaissent depuis quelques décennies une accélération de ces changements ; aussi bien au sein de l’École, en tant qu’institution traditionnellement dévolue à l’étude des savoirs, que de manière plus diffuse, à l’extérieur de celle-ci, dans la société.

Les formes de l’étude sont diverses et évoluent à des rythmes différenciés. Ainsi, pour le seul exemple du système éducatif, les programmes actuels des disciplines scientifiques de l’école obligatoire, suivant en cela les Instructions Officielles de 1946 qui préconisaient déjà le recours aux « méthodes actives », insistent sur la mise en activité des élèves, tandis que des enseignements de type magistral continuent de vivre dans l’enseignement supérieur ou dans certaines disciplines scolaires. Depuis quelques années, des dispositifs d’aide ou de soutien aux élèves ont vu le jour, dans et hors l’École. Le développement massif de l’information numérique accélère la possibilité d’une étude de type autodidacte ou dirigée à distance. Dans ce thème, on interrogera la généricité et la spécificité des formes sous lesquelles se déroule l’étude : qu’elle soit scolaire, de la Maternelle à l’Université incluse, ou extrascolaire, qu’elle porte sur des savoirs enseignés de longue date et dont certains appartiennent à une profession reconnue, des savoirs apparus récemment qui peuvent fonder une profession nouvelle ou ne relever d'aucune profession spécifique, ou encore sur ceux dont l’enseignement est peu ou pas du tout pris en charge par un quelconque système éducatif.

 

Thème 2 : Obsolescence et renouvellement des objets d’enseignement

Les savoirs reconnus dignes d’être appris au point qu’existent des dispositifs spécifiques pour les enseigner ne s’autorisent que rarement d’eux-mêmes : ils sont portés par des courants qui traversent les sociétés ou certaines parties d’entre elles et jugent nécessaire leur enseignement. Pour des raisons inverses, à une époque donnée, des savoirs antérieurement enseignés sont considérés obsolètes et leur enseignement n’est plus regardé comme utile. D’une part l’École, à travers son histoire et celle des disciplines, est riche de ces renouvellements. D’autre part des institutions externes à l’École, mais dévolues à l’étude de savoirs nouveaux, font leur apparition (enseignement du rap, du skate-board, de l’informatique, etc.) tandis que d’autres tendent à disparaître. Enfin, l’enseignement de certains savoirs perdure, mais des pans entiers de ce qui les constituait sont renouvelés. Il s’agit pour ce thème de se pencher sur les raisons sociales, extérieures aux institutions didactiques, qui provoquent disparitions et arrivées de nouveaux savoirs ou objets de savoir dans des institutions dédiées à l’étude ; que cette étude soit ou non scolaire. En quoi les mouvements internes aux sociétés, qu’ils soient techniques, sociaux, économiques, politiques, idéologiques, producteurs ou non de savoirs nouveaux sont-ils moteurs du renouvellement des objets d’enseignement ? Quelles sont les attentes didactiques portées par ces mouvements ? On pourra distinguer ou articuler les évolutions qui portent sur les seuls savoirs de celles qui portent sur les formes de leur enseignement.

 

Thème 3 : Situations d’attribution des compétences ou des savoirs : quels rapports ?

À côté des spécificités propres à l’acquisition des savoirs, dont l’évaluation est portée de manière privilégiée par ceux réputés en posséder la maîtrise, est assigné depuis quelques années, aux systèmes éducatifs et professionnels de nombreux pays, l’objectif de faire acquérir et de certifier la possession de compétences par ceux qu’ils forment ou emploient. Le terme de « compétence » et la possibilité de sa définition suscitent, à eux seuls, débat. Pour devenir fonctionnel et bien qu’il se veuille plus large que celui de savoir, le terme, parfois synonyme d’aptitude, demande en effet à être spécifié : ainsi parlera-t-on de compétences langagières, verbales, numériques, comportementales, professionnelles, cognitives, etc.

Ce thème questionne la notion de compétence : pour certains tout à fait appropriée pour désigner ce qui transcende les savoirs, pour d’autres purement idéologique. Ces oppositions devraient néanmoins se rejoindre sur la nécessité de débattre des questions et des raisons qui ont initié l’arrivée du concept de compétence au sein de la formation, même si les réponses apportées diffèrent. On envisagera les changements produits au sein des institutions didactiques par la volonté d’assurer la formation à des compétences. Par delà l’éventuelle possibilité d’une définition de l’objet sur laquelle s’accorder, on mettra en tension les conditions de formation d’une compétence et d’acquisition d’éléments de savoir, ainsi que la signification de l’attribution d’une compétence ou de la maîtrise de certains éléments de savoir. Ces questions pourront être traitées par l'étude de cas montrant la spécificité des formations, professionnelles ou autres, revendiquant l’atteinte d’une compétence et mettant en exergue la démarcation qu’elles opèrent entre compétences et savoirs.

 

Thème 4 : Quelles formes scolaires pour une société démocratique ?

L’histoire et la sociologie se sont appliquées à montrer en quoi la forme scolaire est liée aux formes prises par l’organisation sociale et en quoi les évolutions et les pensées qui traversent l’une répondent ou influent celles qui sont propres à l’autre. Si la question d’un chemin vers une société de plus grande démocratie reste largement ouverte, un consensus semble se dégager sur les finalités attribuées à l’éducation dans une société démocratique. D’une part, la maîtrise de certains savoirs permet à la personne de penser et d’agir librement en tant qu’individu et citoyen soumis à des choix et des questions nouvelles, parfois inédites. D’autre part, les connaissances historiquement acquises permettent aux sociétés de disposer de moyens pour l’attaque de problèmes nouveaux, tout en poursuivant la résolution d’anciens qui continuent de se poser. Mais l'accord apparent couvre un empan trop large, de l’émancipation des individus à la transmission d’un patrimoine de connaissances nécessaires à la (re)production de la société, et suppose souvent acquis que l'école pourrait changer la société : ces questions doivent être mises en débat.

Au delà de la définition de contenus de savoirs patrimoniaux, la forme que prend leur étude et plus généralement toute étude influe sur l’éducation reçue, le développement et la formation d'un citoyen capable d'apprendre encore. Au modèle du magistère qui perdure sous des formes variées, tentent de succéder de nouvelles formes, par exemple dévolues à l’enquête et favorisant une certaine autonomie de l’élève. Appuyées sur des pédagogies novatrices développées au cours du siècle dernier ou sur des idées nouvelles, des voies d'évolution sont en cours d’exploration au sein du système éducatif ou à ses marges, dont certaines seront peut-être conservées ou développées. Ce thème interroge donc ce que l’on peut entendre par « formation des citoyens d'une société démocratique », et notamment il tentera de poser des  questions liant compétence et instruction. Ainsi, former des citoyens compétents, est-ce les instruire ? Et dans le prolongement de cette question, comment l’étude des problèmes, anciens et nouveaux, peut-elle s’accorder avec l'enquête sur les réponses données ou qui restent à construire, dans un système d'enseignement ou de formation socialement situé ?

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